lundi 20 décembre 2010

XVI. Postgirobygget


Oui, les groupes norvégiens ont toujours des looks improbables sur des photos improbables. Postgirobygget ne déroge pas à la règle, en témoigne la photo d'accueil de leur site. Bref, peu importe le look du moment tant que la musique est là et bien là. Problème, elle l'est plus ou moins. Airs poussifs, simplistes, batterie électronique et synthé : on part mal. 

Mais voilà, parfois, au milieu de ce marasme musical, des intonations de voix, des mélodies, des airs pénétrants surnagent et retiennent l'attention. Comme ce soir norvégien, où partant écouter les quelques groupes conseillés par un ami norvégien, je me trouvais à écouter cette chanson qui remonta mon moral atteint par l'exil, la pluie, le manque de lumière et le déficit de sommeil (n'en cherchez pas les raisons) :

Postgirobygget - Solskinnsdag

En gros, cette chanson chante les jours heureux ensoleillés où les amis se réunissent, mangent, rigolent ensemble au soleil. La simplicité, la niaiserie abyssale des paroles et des airs de piano, les riffs pauvres à la guitare, mais par dessus tout une chanson gaie. Parfois c'est tout ce qu'on demande, et pas plus. Voilà ce dont j'avais besoin ce soir là, voilà ce qui me fit plaisir. 

Le reste, autant l'apprendre ailleurs, où l'on lit que c'est un groupe d'étudiants qui marcha plus que les autres et s'éleva à la célébrité nationale avec leur album initial Mellis (1995) et leurs faux airs de groupe de rock. 

A leur décharge, ils ont nommé un album Øyeblikk (2009), alors on les aime bien quand même !

mercredi 15 décembre 2010

XV. de Lillos, DumDum Boys, Raga Rockers et Jokke & Valentinerne

Avec ces quatre groupes, on touche d'emblée au domaine du sacré de la musique norvégienne. Ils sont un peu au rock norvégien ce que Brassens, Brel et Ferré furent à la chanson française à une époque.
Brel, Férré et Brassens en janvier 1969, pour une émission de radio d'anthologie.

De fire store i norsk rock, ou en français, les quatre grands du rock norvégien sont :



1. de Lillos 



De Lillos porte ce nom depuis 1984, d'après son fondateur Lars Lillo-Stenberg, et a marqué le panorama musical norvégien des années 80. A travers des mélodies enjouées, ornées de paroles volontairement naïves (si ce n'est niaises), ils ont su conquérir les norvégiens par leurs morceaux aux intonations colorées.

Pour qui voudrait découvrir leur oeuvre, la critique conseille les albums Suser Avgårde (1986), Hjernen er alene (1989) et Neste sommer (1993).  Parmi leurs chansons les plus connues, figure cet improbable ode au pyjama :

deLillos - Tøff i pysjamas 

2. DumDum Boys


DumDum Boys fut fondé en 1979, sous le nom de Wannskraek. En 1985 (année bénie s'il en est), ce groupe de punk changea de nom, en hommage à la chanson d'Iggy Pop et David Bowie : Dum Dum Boys. Le style du groupe s'affirma également à cette époque et s'orienta vers un rock à tendance post-punk teinté d'ambiance folk. Leur succès s'affirma autour de chansons et ballades en norvégien, et remarquées sur les albums Splitter Pine (1989), Pstereo (1990), Transit (1992), Ludium (1994).

DumDum Boys - Slave

3. Raga Rockers




Fondé à la même époque, Raga Rockers se démarque par un son plus prononcé rock, et peut être plus classique. Ce groupe a fait revivre ce son rock très années 80 durant une récente tournée à guichet fermé, et a refait surface en haut des ventes d'album avec Ubermensch (2007) ou encore plus récemment avec Shit Happens (2010). Mais Raga Rockers reste surtout connu pour ses albums des années 80-90, notamment Perler for svin (1995).

 Raga Rockers - Noen å hate

4. Jokke & Valentinerne





Le plus rebelle et peut être le moins populaire des 4 grands groupes de rock norvégien est Jokke & Valentinerne. Fondé en 1982, ce groupe de rock, influencé par le punk (comme les trois autres groupes) s'est affirmé en chantant en norvégien des chansons qui prenait à rebours les codes sociaux de l'époque. Cette attitude iconoclaste se manifestait principalement à travers la personnalité du leader Christopher Nielsen, qui se montrait toujours décalé. C'est aussi mon groupe préféré parmi les quatre : le plus frais et spontané et qui ne se prend pas vraiment au sérieux, ce qu'on peut voir entre autres sur l'album III (1990) ou Frelst ! (1991).

Jokke & Valentinerne - Her kommer vintern

jeudi 5 août 2010

XIV. Datarock

Les groupes en duo font florès dans la scène musicale de Bergen, si l'on regarde Röyksopp ou Kings of convenience. DATAROCK émergea à partir de 2005, sortant peu-à-peu des limbes de la confidentialité des petites salles de concert vers les feux de la rampe des festivals internationaux.

Datarock  ©Kris Krug

Ce duo endiablé, toujours habillé de survêtements rouges de très bon goût, éclate donc au grand jour en 2005 avec un premier album tornitruant, intitulé Datarock Datarock :



Fredrik Saroea et Ketil Mosnes recèlent au sein de cet album, de petits bijoux d'électro-rock redoutablement efficaces. Vous connaissez d'ailleurs peut être la pochette de cet album pour avoir figuré pendant longtemps sur des pubs Apple pour l'Ipod. Le premier titre qui leur vaut une renommée relative est le titre Computer love camp, dont le clip a été tourné en France, dans les locaux de Supéléc à Gif sur Yvette :


Datarock - Computer camp love


Et avec ce premier titre, tout s'enchaîne très vite, et la mécanique implacable des titres pêchus et rondement menés de Datarock ne tarde pas à séduire les Etats Unis où l'album est diffusé à partir de 2007. Avec notamment, Bulldozaer, dont le clip est tourné dans les rues de Bergen (ô émotion) :

Datarock - Bulldozaer

Mais la grande claque vient d'un titre imparable d'entêtement et de groove qui vous fait décoller de votre fauteuil pour bouger sur le dancefloor, Fa Fa Fa. Un titre neuneu, une rythmique décisive et des riffs de guitare cinglants, la recette du succès :

Datarock - Fa Fa Fa


Et pour finir, -M-, Daft Punk et Queen dans une même chanson aux chorés improbables, avec la scène de battle de West Side Story revisitée :

Datarock - Give it up

samedi 31 juillet 2010

XIII. Kråkesølv

Même si je dois avouer partir avec beaucoup d'a priori positif à propos de la musique norvégienne, j'ai pris une grosse claque musicale ces derniers mois. J'écoute en boucle l'unique et premier album de Kråkesølv : Trådnøsting, sorti en 2009.


Kråkesølv en 2008 ©Leon K. Johannessen

Ce quatuor de jeunes musiciens vient de Bodø, une petite bourgade au nord de la Norvège. Quand je dis au nord, c'est au delà du cercle polaire, et pour y être allé en novembre, il n'y fait pas chaud, mais il y fait bon vivre. La musique de Petter Waldemar, Kristoffer Magnus, Thomas Litangen et  Fredrik Olsen est tout sauf déprimante. Méditative, hypnotique, ils se comparent volontiers à Explosions in the Sky, une formation musicale post-rock aux morceaux planants d'une dizaine de minutes chacun, où l'on retrouve bien ce jeu de guitare :


Kråkesølv - Skredder


Kråkesølv en 2009 ©Christian Solvær


Entre autres références qu'ils semblent si bien porter, se trouvent Sonic Youth, Blonde Redhead, The Decemberists,  Death Cab for Cutie,  Sigur Rós. Et disent ils, "si à tout cela, vous ajoutez des textes écrits en dialecte du nord, et une volonté de retranscrire l'atmosphère du nord de la Norvège, vous avez une idée de ce que nous faisons". Mais pour cela rien de mieux que d'écouter leurs morceaux...


Kråkesølv - Privat Regn (@Lydverket Spanderer)



Kråkesølv - Waldemar

Kråkesølv - Privat regn

Kråkesølv - Timeglasset

Kråkesølv - Blåe Øya

Kråkesølv - Hjørnebrikke

Kråkesølv - Kalde føtter

Kråkesølv - Kastes

dimanche 30 mai 2010

XII. Lillebjørn Nilsen

Lillebjørn Nilsen, c'est le monstre sacré de la musique folk norvégienne. Ses chansons sont connues de tous les norvégiens, qu'on le veuille ou non. Il avait 20 ans quand Bob Dylan a émergé sur la scène internationale, et a suivi la voie, en sachant rester grand public. 

A l'écouter, je pense surtout àaux Fabrizio De Andre et Paco Ibanez, même si cela n'a rien à voir. S'il est possible de dresser un équivalent : c'est un peu le Georges Moustaki des norvégiens.


Mélodies entraînantes, tranches de vie, chansons à textes qui donnent à voir et revoir une époque, un moment de sa vie. Avec lui, l'effet madeleine marche à fond les ballons. Des albums, en veux tu, en voilà, mais toujours le ton juste, la petite mélopée qui touche. 

Rien à dire de plus, je vous laisse juge et arbitre de ses chansons les plus connues. Ah oui, j'allais oublier : c'est en norvégien.

Lillebjørn Nilsen - Barn av Regnbuen(1973)

Lillebjørn Nilsen - Tanta til Beate

Lillebjørn Nilsen - Bysommer

Lillebjørn Nilsen - Alexander Kiellands Plass

lundi 24 mai 2010

XI. Jaga Jazzist


De voir Dig! ce soir m'a mis en verve pour parler musique ! Point de rivalités, de tensions, et de génie enfoui dans un être hautement instable dans le groupe que je vous propose d'écouter.

Jaga Jazzist - One-arm bandit

Jaga Jazzist est né en 1994, dans une petite ville (pléonasme) de Norvège, et s'est très vite organisé autour d'une section cuivre mais où les claviers et guitares ont leur place. Chacun étant investi dans des projets personnels, leurs retrouvailles pour des albums, ou pour des collaborations artistiques, sont à chaque fois des croisements d'influences multiples.


Un son organique, presque postrock, au delà du jazz, de l'électro les a entraîné dans des collaborations incroyables avec des groupes norvégiens parmi les plus influents. Cette liste non exhaustive de leurs participations musicales fait en quelque sorte oeuvre de programme à ce blog :

Motorpsycho, Susanna Sundfør, Ingrid Olava, The National Bank, Marit Larsen, Rockettothesky, DumDumBoys, Thomas Dybdahl, Odd Nordstoga, Hanne Hukkelberg, Turbonegro, Real Ones, Cloroform, Big Bang !! (Et même Side Brok, mais là je vous donne un lien, c'est cadeau).

Jaga Jazzist - All I know is tonight

Ils apportent une musique planante, fantomatique, mais au son sûr, mat et puissant. Par moments, ça me fait penser à Explosions in the sky, mais en plus jazz. Les flûtes et xylophones évoquent presque St Germain,

Jaga Jazzist - Animal Chin

Et puis survient le côté sombre, plus obscur de ce groupe où l'on sent l'atmosphère presque étouffante de la rythmique saturée, avec des ressorts lancinants et envoutants de guitare :

Jaga Jazzist - Airborne

Là où j'ai accroché, ce n'est pas tant sur What we must (2005), album qui débute pourtant par All I know is tonight (voir ci dessus), mais sur une de leurs multiples collaborations. En 2003, les insolites Motorpsycho invitent la section de cuivres de Jaga Jazzist pour un album un peu ovni dans le paysage musical où un groupe de post-country rencontre un collectif de post-ce que vous voulez. Et ça donne l'album In the fishtank (2003), ouvert par la sublime Bombay Brassière :

Motorpsycho & Jaga Jazzist Horns - Bombay Brassière

Ils ont joué à Bergen pour le Bergenfest, et je n'y étais pas, la faute au volcan islandais.

jeudi 8 avril 2010

X. John Olav Nilsen og Gjengen

Des artistes norvégiens que je connais, et que vous pouvez retrouver dans le programme 2010, il y a :



Le petit dernier qu'il m'ait été donné de connaître. Grâce à Gunnhild, qui en plus de supporter mon norvégien lamentable, me conseille en matière musicale.  Comment décrire John Olav Nilsen og Gjengen ? A travers leur premier album, For Sant Til Å Være Godt, sorti en septembre 2009 et qui promet beaucoup ? Un norvégien étudiant à Lyon, imita immédiatement leur accent bergenois et leur chant un peu geignard, lorsqu'on lui parla de ce groupe réuni autour de John Olav Nilsen. 










John Olav Nilsen og Gjengen - Hull i himmelen


Effectivement, ça peut surprendre à la première écoute, mais on s'habitue vite à ces "r" qui roulent, ces accents et intonations bien étranges, pour se laisser vite porter par leur douce mélancolie punk. Regardez par vous même cette vidéo acoustique tournée dans un grand ensemble (l'équivalent norvégien de nos cités, sic) : 











John Olav Nilsen og Gjengen

IX. Thomas Dybdahl

A l'occasion du Bergen Fest qui se tiendra du 27 avril au 2 mai, je me permets de vous parler de quelques artistes qui vont y jouer. Ce festival est l'un des plus gros festivals de musique de Bergen, et fait la part belle aux artistes norvégiens, comme internationaux, dans une musique relativement grand public.



Des artistes norvégiens que je connais, et que vous pouvez retrouver dans le programme 2010, il y a :



Et non, ce n'est pas le sosie de Devendra Banhart. C'est homme est un classique d'entre les classiques, que vous allez adopter à la première seconde écoutée. L'homme qui fait salle comble à Bergen (2500 spectateurs), et qui peine à réunir plus de cent pékins à St Lô, en France. Oubliez Nick Drake, Bob Dylan, M. Ward, Andrew Bird et compagnie. Découvrez Thomas Dybdahl sans plus attendre, à travers son "tube", Cecilia :


Thomas Dybdahl - Cecilia

Aussi connu pour sa carrière en groupe avec The National Bank, que j'avoue moins aimer, il n'a cessé de prendre de l'ampleur depuis son premier album intense, paru en 2002, That great october sound, suivi par l'excellent Stray Dogs en 2003, l'extrêmement planant One day you'll dance for me New York City en 2004, et puis récemment le plus fade Science en 2006. En chantant en anglais, il s'inscrit dans la lignée des songwriters de folk américain, espérant ainsi s'ouvrir un public plus large.



Thomas Dybdahl - From Grace


La suite au prochain épisode avec Jaga Jazzist et Sergeant Petter.





jeudi 18 février 2010

VIII. The Real Ones

Depuis Bergen, où je passe une semaine à m'enterrer dans les bibliothèques et diverses archives de la ville, je repense soudainement à mon entreprise de narration musicale du folk norvégien.


Alors que Bergen, ville où il pleut 250 jours par an, est recouverte de neige et de glace, il me vient à l'idée de vous parler des Real Ones. Il se trouve que je vais avoir la chance, samedi soir, de m'extirper de mes piles de livres pour aller les écouter en concert au Kvarteret, qui vient d'ouvrir de nouveau ses portes, après 3 ans de travaux.

Real Ones - Every dog has its day

Aux premières notes, on a envie de plonger au coeur de ce folk coloré et chatoyant. On pourrait presque sentir le soleil du Mississippi au son du banjo qui crépite, les épices de l'Inde réveillées par les Sitars qui soupirent et la poussière du midwest américain en entendant claquer la guitare sèche... Et pourtant, ils sont bien de Bergen, de cette ville où l'on court (parfois) après la lumière.

Ce quintet s'est formé en 1994 autour de Ivar VogtJørgen SandvikKåre Opheim,Øystein Skjælaaen et David Vogt. Ils ont sorti ensemble 5 albums, dont les très récents All for the Neighbourhood en 2008 dont sont issues ces deux vidéos enjouées, et le psychédélique et lancinant Ekko en 2009.

Real Ones - Lonesome town

En guettant bien les images, on peut apercevoir ça et là Bergen et quelques une de ses rues. Tout en continuant à les écouter sur leur site ou ailleurs, je vous propose de découvrir Bergen de nuit et sous la neige :

Musée du design