dimanche 13 décembre 2009

VI. Odd Nordstoga

Voici enfin cet article qui me permet de m'étendre plus longuement sur un artiste qui recadre un peu plus ce panorama de la musique norvégienne. Il chante en norvégien, et il fait du folk. Alors avec ça, si vous êtes pas contents....


Odd Nordstoga - Heim te mor

Il est jeune, il est beau (?), il plaît aux vieux des maisons de retraite qui aiment les chansons folk en norvégien, il plaît aux nouvelles générations qui sont ancrés dans cet héritage folk, mais qui aiment les textes poétiques, humoristiques et délicats.



Odd Nordstoga, c'est la personnification d'une Norvège qui se cherche un héritage musical, une filiation, et qui ne peut nier les influences musicales d'internet, de la musique du reste de l'Europe, et de la pop music.


Odd Nordstoga - Heim te mor (live)

Dans ce live, au tout début de sa carrière (à l'époque de la sortie de l'album Heim te mor, 2006), l'emblème du folklore norvégien, le hardingfele (violon), disparaît au profit du banjo et d'autres instruments un peu plus exotiques (qui a dit que le tuba n'est pas exotique?). On retrouve l'esprit du folklore (les bases des musiques folkloriques européennes sont assez similaires, et fonctionnent selon les mêmes procédés), mais teinté de bonne vielle country du bon vieux Bill, le cousin norvégien émigré aux States.

Trêve de plaisanteries sérieuses, passons aux autres chansons de l'album Heim te mor, sorti en 2006 comme dit plus haut. Allez, prenons par exemple Femten songar på ein gong :


Odd Nordstoga - Femten songar på ein gong

Vous me direz tout de suite, experts du norvégien que vous êtes : mais il chante en dialecte, d'ailleurs proche du nynorsk ! Et oui, vous avez l'ouïe fine et l'oreille aux aguets. Apprendre le norvégien c'est bien, le parler, pourquoi pas, mais le comprendre, c'est toute une histoire.

Imaginez vous : vous êtes à Bergen (à l'extrême ouest de la Norvège) où l'accent est très marqué par des mots aux sonorités fortes en "a" et "r" proches du Nynorsk, et à l'université, on vous apprend le Bokmål d'Oslo (à l'extrême est de la Norvège) où les mots sont plus fluides, les syllabes plus mouillées. Et vous dans tout ça, vous essayez de vous débrouiller alors que l'on vous enseigne un dialecte opposé avec la réalité du lieu. D'autant plus, que dans une ville universitaire comme Bergen, les étudiants viennent de tout le pays et qu'ils ont chacun leur dialecte.

En fait, la langue dans ce pays, c'est comme des poupées russes. Vous avez deux langues écrites et orales pour un pays, avec des traditions linguistiques ancrées géographiquement. Il semblerait que l'on parle plus la langue de l'élite, le Bokmål, à la capitale, alors que dans le pays, on parlerait plutôt le Nynorsk. Trop simple ! Chaque région, chaque "land" a son dialekt propre. Mais plus vous rétrécissez le champ d'observation, vous vous apercevez que dans chaque région, les villages et les communautés ont tous développés des dialekt propres, du fait de l'éloignement les uns des autres et de l'isolement.

Pour vous en rendre compte, des chercheurs ont fait enregistrer le MÊME TEXTE à des habitants de différentes régions. Je vous laisse donc juger entre l'extrait enregistré à Bergen et celui enregistré à Oslo. La différence est sidérante, c'est pour ça qu'on ne parle pas de différence d'accent, mais de dialecte. Pour en écouter plus, rendez vous sur Nordavinden og sola (celui de Trondheim est collector, ainsi que la version russe, et un des plus limpides pour moi, celui des Lofoten).

Tout ce bla-bla pour dire, que oui, Odd Nordstoga chante en dialecte ! Et qu'il est pas facile à comprendre le bougre ! Bon, décidément, pas d'enregistrements sur Deezer, presque rien sur You Tube de valable. Si vous avez Spotify, on trouve des choses, mais un peu vieilles ici (et faut avoir le logiciel).




Donc, j'en resterai là pour mon hommage vibrant à Odd Nordstoga, qui m'a égaré un peu sur des considérations linguistiques. En Norvège, il est extrêmement apprécié, et ses deux albums (cliquer pour écouter), Heim te Mor (2006) et Pilegrim (2008) ont été des succès énormes, après dix années de tentatives plus ou moins heureuses pour trouver sa place entre folk et pop.

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